[Société] Traité sur la gentillesse

Ponctuellement déçu par les gens que je fréquente, cela dit, cela n’a rien d’étonnant en soi. À dire vrai, c’est même, chaque fois, plutôt prévisible. L’importance de définir une base saine pour chacune de ses relations s’impose, si bien que quand on ne le fait pas, quand on est trop naïf, eh bien, on est toujours déçu.

 

Déçu, par la personne qui prétend être votre meilleure amie, mais qui ne vous fréquente que par ennui, que par intérêt.

Déçu, par la personne gentille qui prétend se soucier de vous, alors qu’elle n’a en tête, que son intérêt personnel et particulier.

Déçu, parce que cette personne ne vous estime pas suffisamment pour voir que vous savez qu’elle vous méprise.

Cela dit, c’est plutôt logique. Les personnes Asperger ont du mal en société, à voir ce genre de choses. Alors, on se montre moins prudent, peut-être. Plus ingrat, sûrement. Quoique, en fait, c’est plus compliqué.

 

La psychologie humaine pourrait se résumer aux MBTI. Les personnalités toxiques ou manipulatrices, réfutent bien sûr l’idée d’être classé, ce qui peut être perçu comme un premier signe de danger.

 

Les types s’entrecroisent, mais il est impossible que quelqu’un soit gentil et manipulateur en même temps ; en effet, s’il utilise la gentillesse au service de la manipulation, il n’ est plus gentil. C’est un état de fait facile à comprendre, cela. Juste que, plus encore que la dictature des mots, il existe la dictature des larmes, la dictature du pathos incarné, dans toute sa dimension hyperbolique, par un panel de personnes qui ne savent pas obtenir ce qu’elles veulent autre que par ce moyen détourné.

Il existe, en effet, un mécanisme de manipulation sournois et calculateur derrière la gentillesse, auquel, bien souvent, s’adjoint un autoritarisme tyrannique, et un narcissisme-égocentrisme censé compenser ce qui apparaît comme le « trempoline vers les étoiles » (citation de Zola).

 

Un INTJ ne peut pas être quelqu'un de fondamentalement gentil au sens qu'on l'entend, alors quand on a le comportement d'un ISFJ mais qu'on se dit INTJ, il y a déjà là une faille psychologique.

 

Il faut se méfier des personnes qui se justifient dès lors par les sentiments, il faut se méfier des personnes ultrasusceptibles, qui surinterprètent ce que vous dites, parce qu’elles recèlent, en elle, un désamour profond pour leur personne, et une ingratitude envers laquelle on ne peut se lier. Il y aura abandon dès que personne plus intéressante aura été trouvé, il y aura potentiellement même mensonge, tout cela pour désir ce qu’il n’est pas possible d’avoir, et le mépriser une fois que l’on a. Il semble ainsi évident que la gentillesse, n’est pas seulement le sentiment le plus idéal (et le plus rare qui soit), mais également, l’arme de manipulation, plus efficace encore que le chantage, plus écrasante encore que l’autorité, et plus destructrice que la franchise.

 

Les gens qui se disent gentils, ne sont pas censés avoir besoin d’attirer votre pitié pour démontrer qu’ils le sont, pas plus qu’ils n’ont sans cesse besoin de vous rappeler qu’ils ont des difficultés avec les autres, qu’on les a souvent abandonnés, ou qu’on n’écoute pas suffisamment leur avis.

Ce sont des hypocrites ; des enfants gâtés ; ils ont tout ce qu’ils veulent, c’est un fait. Leurs larmes sont leurs meilleures armes, ce sont d’excellents comédiens. En fait, il est même probable qu’ils pleurent vraiment, furieux qu’ils n’aient pas eu ce qu’ils veulent, au Fait du Prince et aux Frais de la Princesse.

 

Que l’amitié dure trois ans ou trois mois, de toute manière elle s’achèvera, quand le citron aura été pressé jusqu’à extraire tout son jus, jusqu’à trouver quelqu’un qui rehausse encore plus l’estime qu’on se porte. Jusqu’à quel point ?

Ce sont des chatons, puis ils deviennent des chats qui griffent. Peu importe, que l’on soit amis, peu importe, que l’on ait des projets. Ainsi vont les choses.

Je fais ce que je veux, et si je n’ai pas ce que je veux, alors je boude, et je vais le faire ailleurs. Je, je, je, je, je. Voilà ce vers quoi évoque la gentillesse ; le « je » . Au premier mot que l’Homme qui pense prononce dans sa tête. « Je pense ».

 

Sauf que ce n’est cette fois pas au service de la pensée, mais au service de la puérilité ; au service de la médisance et de l’hypocrisie tyrannique. C’est une toxicité, un poison ; la vraie gentillesse, quand elle n’existe, ce n’est pas cela, il n’y a pas à s’en sentir coupable, à se faire plaindre. Il n’y a pas à profiter de ce que les autres n’ont plus, de ce que les autres disent ou font. Il faut assumer, ne pas rester dans le rapport centré à soi.

A fortiori quand ils tendent à oublier que tout ce qu’ils ont pu avoir, même leur nouveau compagnon de jeu, c’est grâce à cet imbécile qui a encore été un peu trop naïf.